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11 1
AGRICULTURE .
ANACCOUNT OFTHE SYSTEMS ,etc.Tableau
des systêmes d'agriculture adoptés dans
lesparties del'Ecosse lesmieux cultivées .
Par SirJohn SINCLAIR baronet ,Prési-
dent duDépartement d'agriculture .Edim-1
bourg 1812 . 501:
(Second extrait .Voy.p.457duval.préc.)
:
VOICI ledébut del'auteur danslapartie
quitraite desassolemens .
"Detous lessujets demesrecherches ,
c'est icipeut-êtredeplus important ,etce-
luidont ladiscussion offre leplus dediffi-
cultés .Chaque fermier doit sentir qu'en dé-
terminant son assolement ,ilfaut qu'il aît
égard ,non-seulement àlaqualité desré-
coltes auxquelles leterrain desaferme est
leplus propre ,etquipeuvent luidonner
leplus deprofit ,mais aussi àl'ordre dans
lequel lesrécoltes doivent être arrangées ,
pour maintenir lafertilité delaterre ,ou
comme lord Kames l'adit,pour faire le
plus grand profit quepuisse comporter la
A 2
(4)AGRICULTURE .
1conservation delaterre enbon état.,,
C'est unpoint surlequel onnesauroit
fixer avec trop desoinl'attention deslecteurs ,
Ilarrive fortsouvent qu'après avoir employé
beaucoup detravail etdetemps àmettre
une terre enbon état,oncherche àserem-
bourser desesfrais parune suite derécol-
tesépuisantes ,quifont retomber laterre
aumême point destérilité d'où onl'ati-
rée;aulieu qu'en entremêlant lesrécoltes
améliorantes àcelle desgrains ,onauroit
obtenu unprofit plus grand etplus sûr.Il
ya,dans une lettre d'un correspondant de
l'auteur ,unprincipe qu'on devroit toujours
avoir présent ,c'est celui denepoint de-
mander une récolte àune terre quin'est pas
enbon état.Une récolte quiestbeaucoup
au-dessous dumédiocre ,lorsmême qu'on
nepayeroit point deferme ,faitréaliser une
perte ,sicette récolte estmanquée parla
raison quelechamp estenmauvais état,et
non pasparl'effet desaccidens delasaison .A
L'auteur examine ,1°.lesprincipes ,2°.les
-assolemens adoptés enEcosse ;3°.lesassole-
mens composés dedeux systêmes différens
4°.divers objets connexes avec lesujet.
Parmi lesassolemens enusage enEcosse ,
ans etdetrois dedeux ayen
premiers nesontapplicables quedansun-ila. ans .Les
SYSTÈME D'AGRICULTURE ,etc. (5)
très-petit nombre decas;lesseconds ne
sont pas d'une application beaucoup plus
fréquente .
L'auteur traite aulong desassolemens de
quatre ans,etd'abord lacélèbre rotation
deNorfolk ,turneps ,orge ,trèfle ,blé,la-
quelle aétéadoptée dans diverses parties
del'Ecosse .Ilyaplusieurs autres assole-
mens quiontdurapport àcelui -là,telsque
turneps ,bléd'hiver semé auprintems ,trè-
fleetavoine .Sur lesterres sèches ducomté
d'East -Lothian ,ilyadesterrains oùl'on
sème lefroment tous lesdeux ans,parce
qu'on alaressource desvarecs .Surlester-
resglaises ,onvoitfréquemment lefroment
suivre lajachère ,etêtre suivi del'avoine
avec desgraines depré.Dans levoisinage
desgrandes villes ,oùl'on trouve beaucoup
d'engrais etunmarché facile pour lespom-
mes deterre ,onadopte souvent l'assole-
ment suivant :pommes deterre ,blé,trè-
fle,avoine .Quant àl'assolement deNor-
folk,ilaperdu desaréputation :àlalon-
gue,iln'est pasavantageux aupropriétaire ,
etilneleseroit pasmême àunfermier
dans unbail devingt -unans.Larépétition
trop fréquente desrécoltes céréales lesrend
moins abondantes ,etlaquantité degros
etdemenu bétail que cetassolement entre
A3
(6)AGRICULTURE .
tient est,comparativement ,peuconsidéra-
ble.Onpense généralement ,quelebléne
sauroit bien réussir siprès d'une récolte
d'orge ;etonnedoute presque pasque les
récoltes nes'affoiblissent sensiblement ,sans
unegrande quantité defumier acheté .L'au-
teur semontre convaincu que cesobjections
ausystême deNorfolk sont fondées surles
vrais principes ,etque latrop fréquente ré-
pétition des récoltes enlève àlaterre des
forces que tous lesengrais nepeuvent pas
réparer .Ilpense donc ,que laseule manière
deremettre lesterrains épuisés parlesré-
coltes céréales ,estdelesconvertir enprés
pour quelques années ,opération que l'on
peut faire surtoutes lesterres etdans tou-
teslessituations .
Plusieurs descorrespondans del'auteur re-
commandent une rotation decinq ans,dont
lesélémens nesont paslesmêmes pour tous.
Une des meilleures estcelle deMr. Alexan-
der,1°.turneps ;2°.grains ;3°.pré;4°.pré;
5°.grains .Ilyaunprincipe deMr.Mac-
kenzie deGlasgow ,approuvé parMr. Cur-
wen,etqu'on nesauroit troprépandre ,c'est
denejamais semer degrains quelorsqu'on
sème enmême temps unpréartificiel ,ouqu'on
rompt celui -ci.
Undesassolemens desixanslesplus ap-
SYSTEMES D'AGRICULTURE ,etc. (7)
prouvés pour lesterres argileuses estlesui-
vant ,jachère ,froment ,trefle ,avoine ,fé-
ves,froment .Dans lesterres légères ,lestur
neps oulespommes deterre remplacent la.
jachère .Cette récolte estsuivie dublé,de
l'orge ouavoine ,puistrèfle etray-grass trois
anspâturé ,etenfin bléouavoine ...
Cequ'on appelle desassolemens ourota-
tions doubles ,n'est qu'un prolongement de
ladurée del'herbe ,dans lebut derendre
des forces àunterrain peu fertile .Pendant
unbail devingt -unans,chaque pièce à
sontour demeure quatre oucinq ansen
pré,avant derentrer enrotation .
Laseptième section traite des semailles .
Elle contient beaucoup d'observations im-
portantes sur lessoins nécessaires dans la
manière desemer ,soit àlavolée ,soit au
semoir .Lesexpériences rapportées parMr..
Hope ,deFenton ,sont très-satisfaisantes .
Voici lerésultat delacorrespondance de
l'auteur avec lesplus habiles agriculteurs .
"Lesturneps etlespommes deterre doi-
vent toujours être disposés enlignes .Quant
auxturneps ,l'avantage d'expédier letravail ,
lafacilité d'espacer lesplantes avec régula-
rité,etl'admission del'airetdusoleil éga-
lement pour toutes ,assurent lapréférence
àcette méthode .,,1
A4
(8) AGRICULTURE ....
>>Les carottes doivent être semées enlí
ghes ,etsur-tout làoùlaterre végétale
n'est pastrès-profonde .,,"
>>>Lesféves doivent êtresemées enlignes ,
non-seulement dans lesterres faciles ,mais
aussi dans lessols argileux etd'un travail
difficile .Sionnelescultivoit pasenlignes ,
elles setrouveroient ,enquelque sorte ,ex-
clues d'une classe deterrains qu'on nepeut
cultiver avec profit que parlesféves .,,
>>Quand lebutestdenettoyer unchamp ,
ilfautsemer lespois enlignes ;mais s'ils'a-
gitd'une terre nette etargileuse ,etquele
canton soit sujet aux vents violens ,ilvaut
mieux lessemer àlavolée ,ouenlignes
très-rapprochées .,,
>>Onpeut semer àlavolée lebléd'au-
tomne ;mais quant aux récoltes céréales de
printems ,blé,orge ,ouavoine ,s'ils'agit de
terrains légers ,oùlesmauvaises herbes an-
nuelles abondent ,larécolte ademeilleu-
reschances sil'on sème ausemoir .,,
Dans lasection desrécoltes ,onvoitque
l'usage général enEcosse estd'employer la
faucille pour lamoisson ."Ungrand nombre
demontagnards ,hommes etfemmes ,vien-
nent faire lamoisson dans lescantons fer-
tilesdelaplaine ,moyennant unsalaire jour-
nalier etleur nourriture .Autrefois ,dans le
SYSTÈMES D'AGRICULTURE ,etc. (9)
Carse deGowrie ,lamoisson sefaisoit par
deshommes que l'on louoit pour toute sa
durée ,savoir ,leshommes àuneguinée ,
etlesfemmes àquinze shellings ,outre le
pain etlabière deux foislejour,etla
soupe lesoir.Cela revenoit à-peu-près à
cinq shellings paracretout compris .Lesga-
gesmontèrent ensuite àtrente shellings pour
leshommes etvingt pour lesfemmes ,се
qui,vûlerénchérissement delanourriture
fournie ,faisoit monter lesfrais demoisson
jusqu'à dixshellings paracre.Aujourd'hui
l'usage quiprévaut partout ,estdepayer en
argent àunprix convenu partasdevingt-
huit petites gerbes ,chacune detrente pou-
cesdecirconférence .Onlespaie à4pence
pour untasdebléet3pence pour untas
d'orge ,d'avoine oudepois.Mr.John Schir-
reffremarque que c'est lamanière laplus
juste depayer lesouvriers ,parce que lesa-
laire estexactement proportionné àl'ouvrage
fait,chose qui n'arrive pasdans lesautres
manières depayer leur travail .
Leseul inconvénient decette méthode ,
c'est que lesintérêts dufermier etdesou-
vriers n'étant paslesmêmes ,ilarrive sou-
vent que ceux-cilaissent lechaume silong,
que laperte payeroit presque les,frais dela
moisson :ilfaudroit convenir avec les ou-
(10) AGRICULTURE .
vriers delahauteur exacte que lechaume
devroit avoir auplus.Cetravail devroit tou-
jours être surveillé pour s'assurer del'exé-
cution .
Undescorrespondans lesplus intelligens
affirme que sil'on prend enconsidération
toutes lesdépenses ,ilestimpossible de
moissonner àmeilleur prix quequinze shel-
lings pour l'acre anglais .*
Après avoir recommandé deplacer les
meules surunebase depierre oudemétal ,
ilparle d'une méthode particulière àl'E-
cosse etqu'on nomme bosses .Lesbases en
pierre ouenferfondu sont très-utiles dans
lesannées pluvieuses .Voici comment ildé-
crit laformation des meules .On com-
mence par placer untriangle pour base
d'une pyramide enbois ,detrois pieds de
haut ,au-dessus delaquelle ,etdans une
direction verticale estunsacplein depaille .
Pour que lesépis nétombent pasdans la
pyramide oubosse ,onmetungrillage ,ou
des cordes depaille ,puis oncommence à
construire lameule .Amesure qu'elle monte ,
onfaitaussi monter lesacdepaille ,dema-
nière àconserver dans lecentre delameule
uncouloir ,ousoupirail ,quidonne del'air
dans l'intérieur .Lesfermiers soigneux ont
toujours laprécaution deménager unvide
SYSTÈMES D'AGRICULTURE ,etc. (11)L
dans l'intérieur desmeules deblé,sur-tout
s'iln'est pasparfaitement secquand onle
lie.Onnéglige trop souvent lessoins né-
cessaires pour écarter lesratsetlessouris ,
quiordinairement font beaucoup demal.
Quoique dans lesautomnes pluvieux ,ces
meules aërées dans lecentre soient d'un très-
grand avantage ,lesblés setrouvent encore
mieux quand letemps lepermet ,derester
plus long -temps enpetit tas.
L'auteur discute dans laonzième section ,
lapratique justement vantée ,denourrir le
bétail auvert pendant l'été dans lesécuries ,
aulieu delefaire pâturer .Ilobserve que
cette pratique ,connue depuis cinquante ans
enEcosse ,estgénéralement suivie depuis
1778 dans lecomté d'East -Lothian .Cesujet
aétéexaminé fort endétail ,mais cen'est
paslecasdes'yarrêter ici.L'auteur traite
aulong,dans ladouzième section ,laques-
tiondelaconvenance d'avoir despâturages
permanens .Cette question estdiscutée pour
etcontre parlescorrespondans qu'il cite:
lesunssont affermis dans l'opinion qu'il faut
conserver després sans lesrompre ,d'autres
s'attachent àprouver que cela estinutile .
Lesdeux parties paroissent avoir également
tort enexagérant ,comme ilslefont ,les
conclusions .Voici comment SirJohn lui-
même s'exprime surcesujet.1
(12) AGRICULTURE :
«Jepense qu'il estcertainement avanta-
geux deconserver dans levoisinage dela
ferme ,unoudeux clos dedixàvingt acres ,
depré,selon lagrandeur delaferme ,en
supposant que laterre ysoitpropre ,etque
leseaux n'yséjournent pas.Tous mescor-
respondans sont d'accord surlaconvenance
decette réserve ,mais tous neconviennent
pasqu'on nedoive jamais rompre cemor-
ceau depré:plusieurs prétendent qu'il est
avantageux d'établir successivement cepré
dans différentes pièces .,,
>>Dans lesendroits oùl'on élève des races
debêtes àlaine fine,onsoutient qu'il est
avantageux d'avoir devieux prés surlesquels
lesbrebis fontleurs agneaux etmangent les
turneps ;mais MM.Rennie etBrown ont
prouvé par leur expérience ,que dans les
terres sèches etsaines ,quisont lesseules
oùilconvienne d'élever des moutons ,un
gazon detrois ansfaitlemême effet qu'un
gazon devingt .„
„Onprétend aussi qu'il convient d'avoir
devieux prés pour ymettre lebétail dans
lesannées oùleprintems estextrêmement
sec,etoùlesprès artificiels nepeuvent être
pâturés .Cependant ,dans lesbonnes terres ,
lesprésartificiels peuvent toujours êtrepâ-
turés plustôtquelesprésnaturels ;àmoins
SYSTEMES D'AGRICULTURE ,etc. (13)
queleprintems nesoitextrêmement hu-
mide ,etdans cecas,onadéjà indiqué les
moyens d'ysuppléer .,,
„Lesprés arrosés ,soitparinondation soit
autrement ,nepeuvent évidemment pasêtre
labourés ;ilyadesprairies basses quidoivent
êtreégalement conservées engazons naturels .,,
L'auteur observe qu'il n'yapasdesujet
surlequel lesagriculteurs del'Ecosse etde
l'Angleterre different davantage que celui
desprairies permanentes .Ilestévident ,par
l'extrait ci-dessus ,queSirJohn considère les
prés durables comme peu nécessaires .Enfin
ilprononce qu'ils sont une perte pour le
propriétaire ,pour lefermier etpour lepays ,
aulieu que par l'admission d'un systême
alternatif ,onpourroit doubler larente d'une
ferme .Sans doute l'auteur parle desfermes
anglaises ,cariln'yapasdeferme enEcosse
quisoittoute enpâturage .
Dans lechapitre desfenaisons ,l'auteur
censure lesfermiers Ecossais surleur négli-
gence dans cette importante opération .Voici
une manière defaire lesfoins quiparoît
excellente .Nous allons citer l'ouvrage même :
«Ilfautfaire lestipples (petites bottes co-
niques )aussitôt quel'ondin aunpeuséché .
Silacoupe estabondante ,chaque ondin
faitunrang detipples :silacoupe estfoi-
ble,onréunit deux ondins pour faire un
(14) AGRICULTURE .
rang.Letipple sefaitcomme suit:l'ouvrière
ramasse delamain droite ,unecertaine quan-
titédefoindel'ondin ,enleroulant ;elle en
faitautant delamain gauche .Cesdeux
rouleaux réunis doivent faire une botte de
dixàdouze livres ,que l'onplace debout
entre lesgenoux .Ontord ensuite lehaut
delabotte demanière àlarendre conique ,
puis onlielesommet avec l'herbe même ,
etonplace cecône debout .Après quelques
heures l'extérieur devient siuni,quelapluie
nepeut paspénétrer dans l'intérieur ;et
s'ilsurvient defortes averses ,letipple sèche
promptement .Lorsque lesbottes sont sèches
onlesmet dans lesmeules d'été ,etmême
immédiatement dans lesmeules d'hiver .Il
n'est jamais nécessaire d'ouvrir lesbottes
pour achever ladessiccation dufoin.Iln'y
apas une feuille deperdue ,etlefoin est
presqu'aussi vertques'ileûtétéséché dans
unlivre pour unherbier .Dans lesrécoltes
médiocres ,une femme suffit pour unfau-
cheur ;dans lesrécoltes abondantes ,ilfaut
trois ouvrières pour deux faucheurs .Aussitôt
que lestipples sont faits etplacés debout ,
onpeut regarder larécolte comme ensu-
reté,lorsmême qu'il surviendroit delon-
gues pluies (1).११
(1)Voilà unprocédé peuconnu ,même enEcosse ,